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vivre vite, mourir jeune.

11 mai 2009

kilomètre 43...

beer_ballerina

 

image: by Gonzale   réarrangée par moi

Tu commences quand même à t'inquiéter. C'est tout nouveau tout ça, pour toi, de partir, comme ça, sans but, sans vêtement. Enfin, ça, si, tu as emmené quand même pas mal de vêtements, tu n'oses pas l'avouer, mais quand même... il faut bien changer de vêtements de temps en temps. Imagine les destinations où vous pourriez aller, Rio de Janeiro, New York, Hong Kong. Alors  demande à ton conducteur, Dean qu'il s'appelle, demande pour la millième fois à Dean où vous allez quand même, parce qu'il roule, là, mais il a forcément une idée d'où il va. Rio de Janeiro non ? Il se met à rire, franchement. "On m'avait dit, ça, on m'avait prévenu que tu étais un peu idiot. Ne t'en veux pas. C'est que tu es jeune. Que je t'explique : entre Rio de Janeiro et nous, y a comme qui dirait, un peu d'eau. Ouais, même un océan entier ! Alors bon, j'sais qu'ma voiture elle est géniale, mais elle sait pas encore flotter. Non, on va à l'est, mon pote, le seul endroit où not'bonne vieille amie (il tapote la portière amicalement) peut nous y emmener." Tu te sens tout bête. Alors tu te mets à rire. Dean c'est pas un gars méchant, il s'moque jamais vraiment des gens, il s'en fiche à vrai dire, il trouve toujours tout drôle. Alors toi aussi, tu ris. Tu ris de ton idiotie, parce que franchement, c'est drôle comme question. Mais quand même, quel âge il a ce mec ? Parce que tu l'aimes bien, et que tu voudrais quand même bien le connaître, comme un vrai pote. Il se tourne vers toi - tu as d'ailleurs peur. Ce n'est pas que tu n'as pas confiance en lui, mais... s'il ne regarde pas la route, comment peut-il voir où il va ? - et te sourit avec un de ces sourires énigmatiques qui te font te poser encore plus de questions. Puis il se remet à fixer la route - à ton grand soulagement-, augmente le son de la musique et se met à brailler. Tu ne reconnais même pas la chanson, quand c'est lui qui chante, mais tu aimes bien. Tu décides alors de faire un petit somme. Tout ça t'a fatigué. A ton réveil, tu es encore plus pâteux qu'avant, tu regrettes pendant quelques secondes ton petit lit douillet. Puis tu secoues la tête. Jamais, jamais ! tu regretteras d'avoir quitter ta maison, c'était ton dernier petit moment de faiblesse. Ce n'est pas en étant fils à papa que tu deviendras comme Dean, que tu seras libre, que tu seras toi. Et ce n'est qu'en étant toi-même que tu commenceras à vivre ta vie. Et peut-être même à faire de belles rencontres, qui sait ? Tu te tournes vers ton conducteur et lui demandes s'il en a connu, des jolies filles. "Évidemment que j'en ai connu ! Des tas ! mais j'me souviens jamais de leur nom. Il y en a eu tellement, et elles avaient toutes des noms différents. Comment s'en sortir ?" Tu l'envies un peu... C'est vrai qu'il doit être attirant ce garçon, avec cette tignasse sans forme distincte, sa peau si pâle malgré les heures passées sur la route avec sa décapotable, ses lèvres toujours souriantes, et ses petits yeux, rieurs, un petit peu moqueurs même, et si brillants, et puis sa petite tête d'ternel adolescent, qui rêve de grandes choses... tout en lui sonne liberté. Tu enchaînes en disant qu'tu aimerais bien qu'il s'arrête à la prochaine station service, histoire de se faire un petit brin de toilette. Le minimum, brossage de dents, rasage et se laver le visage. Il approuve ton idée, c'est vrai que les jolies petits brins, elles aiment quand même quand on est un minimum propre, il faut quand même sentir un chouïa bon. Il te promet de te prêter un peu de son eau de toilette (tu te demandes si c'est vraiment le sien, d'ailleurs). Tu acceptes, c'est un bon début pour agir comme Dean, que de mettre la même eau de toilettes que lui, plutôt que celle que ta mère a acheté à noël dernier. Et puis, tu en profiterais pour te payer un sandwich thon-crudités.

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16 avril 2009

On the road again...




1836851753_1image : raphos

On My Shoulder - The Dø   


Regarde une dernière fois derrière toi. Balaye l'entrée du regard, comme si tu voulais marquer à jamais cette image dans ton esprit, l'image étiquetée comme ton "enfance", ou pourrait-on encore dire ta "prison". Puis claque la porte, cours jusqu'à la bagnole, lance ton sac n'importe où, à l'arrière de la voiture, saute par-dessus la porte, et vous voilà partis à fond les carburants, toi et ton nouveau compagnon de route. Passe ta main dans les cheveux, traficote la radio, arrive enfin à l'allumer. Fourres-y une vieille cassette qui traînait à tes pieds. Tout à fait ce qu'il fallait. Tu souris, fier d'avoir trouvé la musique adéquate à ce nouveau statut que tu viens d'acquérir. Mets ta tête en arrière, regarde le ciel bleu. Tu te dis que tu pouvais pas rêver mieux comme temps pour ce premier jour en voiture. Pourvu que ça dure, parce que tu n'es pas arrivé à destination. D'un coup, tu te rappelles que tu ne sais même pas où tu vas. Demande à ton conducteur où vous vous dirigez. Pas de réponse. Attends. Rien. Alors, tu te dis que tu as peut-être forcé sur le volume de la musique. Baisses le son, tout en augmentant le volume de ta voix. Ton conducteur te regarde, mécontent que tu aies baissé le son de la musique pile au moment où une de ses chansons préférées allait débuter (de toutes façons, chaque chanson de cette cassette est sa préférée, tu le sais bien), te répond : "on va nulle part, mon pote ! Nulle part ! c'est chouette comme destination, non ?" puis il part dans un grand éclat de rire, ne pouvant plus s'arrêter, fier de sa réponse. Parce que tu te sens heureux d'être ici, parce que tu ne veux pas vexer ton conducteur et peut-être aussi parce qu'il a un rire communicatif, tu te mets à rire aussi. Au fait, tu ne sais même pas son nom. Dean qu'il s'appelle. Dean ? ça sonne bien. Ça résume bien tout ça. Tu l'envies, toi ton nom, il est complètement nul. Maudis tes parents d'avoir choisi un nom aussi ringard. Un nom qui sonne tellement fils à papa. Pas comme Dean. Tu es sur la route, presque aucune voiture aux alentours. Les adultes bossent, les jeunes étudient. Et toi, tu es là, dans cette vieille voiture qui roule toujours à la même vitesse, tu te demandes encore comment elle peut rouler. Et là, tu es saisi d'une envie de crier ce mot, qui désormais, tu le sais, t'appartient, tu l'as apprivoisé, ce mot, tu en as mis du temps, mais tu as réussi à l'avoir ce foutu mot: "LIBERTÉ !" Et tu éclates de rire, encore. "LIBERTÉ !"

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vivre vite, mourir jeune.
  • Une voiture. Une route infinie. Un sac jeté sur la banquette arrière. Un ciel bleu. Quelques nuages. Une radio-cassette. Un gobelet de miklshake trainant sur la boîte à gant. Une chanson mise à fond. Des rêves pleins la tête. Un rire. Un mot. Liberté.
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